Roumanie: à Cluj, le bilinguisme roumain-hongrois est une obligation, pas une option
Par Bianca Pădurean
- Le centre de Cluj Napoca
Le tribunal de Cluj-Napoca a obligé les autorités locales à placer des plaques bilingues en roumain et en hongrois à l’entrée de la ville. La plainte a été formulée par le Comité européen pour les droits des Hongrois en Europe centrale. La sentence est exécutive mais pas définitive.
L’argumentaire qui a eu gain de cause a été fondé par Izabella Szocs, une étudiante en troisième année de licence de droit, âgée de 22 ans, qui est aussi conseillère juridique de cette fondation hollandaise. « Depuis 20 ans, on discute de cette situation mais jamais aucune action juridique n’a été entreprise pour la résoudre, j’ai donc fait une demande d’assignation, a-t-elle expliqué, car la situation est simple : les autorités ont la possibilité d’afficher de telles plaques et doivent effectuer une analyse d’opportunité, qui se plie à la convention cadre pour la protection des minorités nationales, dont la Roumanie est signataire ».
Selon Izabella Szocs, les critères sur lesquels se basent l’analyse d’opportunité prévue par la loi roumaine et les normes européennes sont les suivants : le nombre substantiel d’habitants, la population traditionnelle et une demande suffisante. Pour elle, « Cluj se plie parfaitement à ce schéma, et nous pensons que nous avons gagné grâce à l’invocation de ces prédispositions ». La minorité hongroise représente un peu moins de 20% des habitants de la capitale de la Transylvanie.
D’autres procès gagnés
Trente autres procès ont été intentés par cette fondation hollandaise afin que la loi sur les administrations publiques locales soit respectée dans des villes où la population hongroise atteint parfois plus de 20%.
Emil Boc, le maire démocrate-libéral de Cluj, lui-même professeur à la faculté de droit, a annoncé qu’il voulait contester la décision. « Je n’ai pas encore reçu les motivations d’une telle sentence qui est encore seulement jugée en première instance », a-t-il déclaré. « Nous avons aussi une loi nationale qui doit être respectée de la même manière, c’est celle qui est active sur le territoire roumain ».
Dans cette ville, de nombreuses tentatives avaient été faites pour installer des plaques signalétiques roumano-hongroises. L’opposant le plus véhément à cette initiative était Gheorghe Funar, ancien maire et membre du Parti de la Grande Roumanie (PRM, extrême-droite).