Russie-Pologne-Allemagne: Une rencontre entre tensions et ironie
Russie-Pologne-Allemagne: Une rencontre entre tensions et ironie
Par Céline Bayou (sources: Kommersant, Reuters), regard-est
Le 10 juin, les ministres allemand, polonais et russe des Affaires étrangères se sont rencontrés à huis clos, à Saint-Pétersbourg. Sans surprise, Frank-Walter Steinmeier, Radosław Sikorski et Sergueï Lavrov ont largement évoqué la situation de l’Ukraine. Les échanges se sont soldés par un échec, attesté par la conférence de presse conjointe qu’ils ont donnée à l’issue de leur rencontre.
Le ministre polonais a alors lancé un appel à son homologue russe afin qu’il intervienne urgemment de façon à reprendre le contrôle de sa frontière avec l’est de l’Ukraine, où les militants pro-russes luttent contre les forces gouvernementales de Kiev. «Si la Russie veut prouver qu’elle souhaite une désescalade en Ukraine, le meilleur moyen serait de stopper les flux de séparatistes et d’armes à travers la frontière russo-ukrainienne», a sèchement déclaré R.Sikorski. Les tensions entre ce dernier et S.Lavrov étaient palpables.
F.-W.Steinmeier s’est voulu plus nuancé, appelant la Russie et l’Ukraine à mieux contrôler leur frontière commune et suggérant même la mise en place d’une gestion commune de cette ligne. Porté sans doute par la récente rencontre entre les Présidents russe et ukrainien, il a trois fois répété avoir le sentiment de «voir la lumière au bout du tunnel». Sa tentative d’apaisement semble avoir été vaine et la passe d’armes entre les ministres russe et polonais s’est poursuivie. S.Lavrov a réitéré les demandes de la Russie: que le gouvernement ukrainien cesse ses opérations armées contre les séparatistes, déclare un cessez-le-feu immédiat et lance des discussions sur l’avenir de l’Ukraine. Autant de propositions qui sont loin de satisfaire le ministre polonais qui estime, quant à lui, que l’Ukraine a toute latitude pour déployer son armée sur son propre territoire à l’encontre de groupes armés. Attitude en laquelle S.Lavrov voit une classique tentative d’imposer des doubles standards: l’Ouest ne s’est-il pas récemment prononcé contre l’usage de la force par les autorités ukrainiennes lorsque les protestataires de Maïdan ont poussé le Président Viktor Ianoukovitch au départ en février? S.Lavrov a choisi de ne pas répondre directement à la remarque ironique de son collègue polonais lorsque celui-ci s’est dit ravi d’entendre «que la Russie n’a[vait] pas l’intention de répéter ce qu’elle a fait en Crimée». À la surprise des journalistes, S.Lavrov a éclaté de rire. R.Sikorski a poursuivi et exprimé sa satisfaction de voir que le Président Vladimir Poutine s’est engagé à respecter le résultat de l’élection présidentielle du 25 mai. La Russie ne devrait pas se sentir menacée par les projets de Petro Porochenko lorsque celui-ci évoque le renforcement des liens avec l’Union européenne, a-t-il conclu; quant à une potentielle candidature à l’Otan, elle n’est pas sur l’agenda. De concert avec son collègue allemand, le ministre polonais a martelé ne pas reconnaître l’annexion de la Crimée par la Russie.
Cette rencontre de la «troïka» était la 4e du genre mais, de l’avis général, le ton était tout autre cette fois. Seul S.Lavrov a d’ailleurs évoqué, lors de la conférence de presse, les projets de coopération entre les trois pays (échanges universitaires, étude de l’histoire, simplification des régimes de visas pour les habitants des régions frontalières, etc.), tandis que ses homologues, de toute évidence, souhaitaient faire savoir que, dans le contexte de la crise ukrainienne, ils n’étaient pas venus à Saint-Pétersbourg pour discuter échanges estudiantins et conférences scientifiques.
Le 10 juin, les ministres allemand, polonais et russe des Affaires étrangères se sont rencontrés à huis clos, à Saint-Pétersbourg. Sans surprise, Frank-Walter Steinmeier, Radosław Sikorski et Sergueï Lavrov ont largement évoqué la situation de l’Ukraine. Les échanges se sont soldés par un échec, attesté par la conférence de presse conjointe qu’ils ont donnée à l’issue de leur rencontre.
Le ministre polonais a alors lancé un appel à son homologue russe afin qu’il intervienne urgemment de façon à reprendre le contrôle de sa frontière avec l’est de l’Ukraine, où les militants pro-russes luttent contre les forces gouvernementales de Kiev. «Si la Russie veut prouver qu’elle souhaite une désescalade en Ukraine, le meilleur moyen serait de stopper les flux de séparatistes et d’armes à travers la frontière russo-ukrainienne», a sèchement déclaré R.Sikorski. Les tensions entre ce dernier et S.Lavrov étaient palpables.
F.-W.Steinmeier s’est voulu plus nuancé, appelant la Russie et l’Ukraine à mieux contrôler leur frontière commune et suggérant même la mise en place d’une gestion commune de cette ligne. Porté sans doute par la récente rencontre entre les Présidents russe et ukrainien, il a trois fois répété avoir le sentiment de «voir la lumière au bout du tunnel». Sa tentative d’apaisement semble avoir été vaine et la passe d’armes entre les ministres russe et polonais s’est poursuivie. S.Lavrov a réitéré les demandes de la Russie: que le gouvernement ukrainien cesse ses opérations armées contre les séparatistes, déclare un cessez-le-feu immédiat et lance des discussions sur l’avenir de l’Ukraine. Autant de propositions qui sont loin de satisfaire le ministre polonais qui estime, quant à lui, que l’Ukraine a toute latitude pour déployer son armée sur son propre territoire à l’encontre de groupes armés. Attitude en laquelle S.Lavrov voit une classique tentative d’imposer des doubles standards: l’Ouest ne s’est-il pas récemment prononcé contre l’usage de la force par les autorités ukrainiennes lorsque les protestataires de Maïdan ont poussé le Président Viktor Ianoukovitch au départ en février? S.Lavrov a choisi de ne pas répondre directement à la remarque ironique de son collègue polonais lorsque celui-ci s’est dit ravi d’entendre «que la Russie n’a[vait] pas l’intention de répéter ce qu’elle a fait en Crimée». À la surprise des journalistes, S.Lavrov a éclaté de rire. R.Sikorski a poursuivi et exprimé sa satisfaction de voir que le Président Vladimir Poutine s’est engagé à respecter le résultat de l’élection présidentielle du 25 mai. La Russie ne devrait pas se sentir menacée par les projets de Petro Porochenko lorsque celui-ci évoque le renforcement des liens avec l’Union européenne, a-t-il conclu; quant à une potentielle candidature à l’Otan, elle n’est pas sur l’agenda. De concert avec son collègue allemand, le ministre polonais a martelé ne pas reconnaître l’annexion de la Crimée par la Russie.
Cette rencontre de la «troïka» était la 4e du genre mais, de l’avis général, le ton était tout autre cette fois. Seul S.Lavrov a d’ailleurs évoqué, lors de la conférence de presse, les projets de coopération entre les trois pays (échanges universitaires, étude de l’histoire, simplification des régimes de visas pour les habitants des régions frontalières, etc.), tandis que ses homologues, de toute évidence, souhaitaient faire savoir que, dans le contexte de la crise ukrainienne, ils n’étaient pas venus à Saint-Pétersbourg pour discuter échanges estudiantins et conférences scientifiques.
Dépêche publiée le 11/06/2014