Crimée: Chișinău et Kiev se serrent les coudes face à Moscou

Le Courrier des Balkans
De notre correspondante à Bucarest

 

Mise en ligne : mardi 18 mars 2014
Au lendemain du référendum sur le rattachement de la Crimée à la Russie, le Premier ministre moldave Iurie Leancă a rendu visite à son homologue ukrainien Arseni Iatseniouk. Chișinău a réaffirmé son soutien à Kiev, alors que plane l’ombre de la Transnistrie séparatiste.

Par Julia Beurq

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Iurie Leancă et Arseni Yațeniuk (photo : gov.md)

Le Premier ministre moldave Iurie Leancă s’est rendu à Kiev lundi 17 mars pour s’entretenir avec son homologue ukrainien Arseni Iatseniouk. Le chef du gouvernement moldave s’est rangé du côté des leaders européens et a qualifié « d’illégal ce soi-disant référendum en Crimée, qui contredit la Constitution ukrainienne et les normes du droit européen ».


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De son côté, le Premier ministre ukrainien a affirmé vouloir consolider les relations avec son petit voisin du sud-est. « Nous avons beaucoup de problèmes que nous devons résoudre ensemble », a déclaré Arseni Iatseniouk. « Cette rencontre est très importante et signifie un nouveau début dans la consolidation de nos relations bilatérales. Nous marcherons ensemble sur la route de l’intégration européenne. »

Lors du sommet de Vilnius, en novembre 2013, Kiev avait refusé de signer les accords d’association avec l’UE. Chișinău, de son côté, avait signé et entamé son long cheminement européen.

Chișinău craint pour la Transnistrie

Lundi, les deux Premiers ministres ont abordé la coopération énergétique, la finalisation du processeurs de démarcation des frontières, ainsi que le fonctionnement du complexe hydro-électrique du Dniestr. Chișinău et Kiev ont brièvement évoqué la situation en Transnistrie et convenu de poursuivre les négociations sur un statut spécial de cette région.

Les déclarations récentes des autorités moldaves trahissent cependant une inquiétude croissante face à la situation actuelle dans cette région séparatiste. « Nous suivons avec grand intérêt ce qui se passe en Transnistrie et nous continuons notre politique actuelle afin d’éviter des décisions unilatérales et l’apparition de tensions et de provocations », a déclaré Iurie Leancă à RFI vendredi dernier.

La semaine dernière, Eugen Carpov, représentant du gouvernement moldave pour le « problème transnistrien », s’est déplacé à Tiraspol. Dans la crainte de voir les relations se dégrader avec la Russie, il a assuré « n’avoir aucune intention d’aggraver les relations avec [ses] voisins de l’Est comme de l’Ouest [...] Je veux croire que la Russie respectera ses rapports avec la Moldavie, ainsi que les engagements stipulés dans les accords bilatéraux et internationaux. »

Pour les autorités moldaves, la situation en Transnistrie se veut « sous contrôle ». Mais de nombreux analystes craignent que le rattachement de la Crimée à la Russie ne crée un précédent et n’alimente le séparatisme à l’est du Dniestr.