"Intégration européenne de la Croatie: une mauvaise nouvelle pour la Bosnie-Herzégovine?", cdb
Intégration européenne de la Croatie : une mauvaise nouvelle pour la Bosnie-Herzégovine ?
Par Philippe Bertinchamps et Jean-Arnault Dérens
Les dirigeants bosniens seront, bien sûr, de la fête à Zagreb : les membres de la présidence collégiale, Nebojša Radmanović, Željko Komšić et Bakir Izetbegović, ainsi que le Premier ministre Vjekoslav Bevanda ont répondu à l’invitation des autorités croates. Cependant, l’adhésion du « grand voisin » suscite de nombreuses inquiétudes en Bosnie-Herzégovine.
Retrouvez notre dossier :
Le 1er juillet, la Croatie devient le 28e membre de l’Union européenne
500.000 citoyens de Bosnie-Herzégovine, qui disposent de la citoyenneté croate, deviendront, dès ce soir, des citoyens de l’Union européenne. Alors que la Bosnie reste ravagée par la crise et un chômage massif, faut-il s’attendre à un exode massif ?
Les responsables politiques, dans les deux pays, assurent que rien ne changera, car les Croates de Bosnie-Herzégovine disposent depuis longtemps de la double citoyenneté et beaucoup sont habitués à partager leur temps entre les deux pays. Mais l’attrait de deux des pays de l’UE qui sont moins touchés par la crise pourrait se révéler plus fort qu’attendu.
À Neum, « enclave » bosnienne qui s’étire sur 8 kilomètres sur la côte adriatique, 90 % de la population possède le passeport croate. Cette petite ville touristique attire des visiteurs aussi bien croates que bosniens. Depuis les accords de Dayton, la liberté de circulation était assuré au long de la « magistrale de l’Adriatique » mais, à partir du 1er juillet, les ressortissants bosniens devront posséder un passeport biométrique pour passer les frontières croates. Autrement, la seule voie d’accès à Neum depuis l’intérieur de la Bosnie-Herzégovine est une mauvaise route qui serpente dans la montagne. La construction d’une nouvelle route vers Mostar est interrompue depuis plusieurs années, faute de financements.
La Croatie a engagé la construction du pont devant rallier son territoire à la péninsule de Pelješać, projet vivement contesté par les autorités de Sarajevo et aussi critiqué pour son impact environnemental. Ce pont permettrait de contourner l’enclave de Neum, évitant ainsi les contrôles frontaliers pour les marchandises.
La principale conséquence de l’entrée de la Croatie dans l’UE concerne toutefois la circulation des biens, et notamment des produits agricoles. Le lait bosnien disposera d’un « délais de grâce » jusqu’en 2014 pour accéder au marché croate, mais il n’en va pas de même pour tous les produits.
Seul point positif, certaines entreprises croates vont se délocaliser dans les pays voisins, notamment en Bosnie-Herzégovine, pour rester à l’intérieur de la zone CEFTA. L’aubaine reste toutefois limitée : on parle, en tout, de 2.000 emplois.