Selon les estimations, près de 90% des Croates de Bosnie-Herzégovine possèdent la citoyenneté croate. Il faut Y ajouter une partie des Bosniaques de la région de Bihać, et les Serbes qui ont fuit la Croatie pendant la guerre pour s’installer dans le pays. Au total, quand la Croatie intégrera l’Union européenne à partir du 1er juillet, ce sont quelque 500.000 citoyens de Bosnie-Herzégovine qui deviendront de facto citoyens de l’UE.

L’accès à l’Union européenne offre toute une série d’avantages indéniables : liberté de travail et de circulation, droit d’étudier dans les pays membres aux mêmes conditions des citoyens des États où se trouvent les universités, protection diplomatique de l’UE dans les nations extra-communautaires, etc.

L’UE verrouille son marché du travail

Cela va sans dire, l’opportunité plus importante pour les citoyens bosniens sera de pouvoir travailler en Europe : en Bosnie-Herzégovine, plus de 43% de la population active est aujourd’hui sans emploi, et la situation s’aggrave avec la crise. Cela représente 550.000 personnes au chômage.

Or en ce moment, il y a environ 1,3 millions de postes à pourvoir dans les Pays de l’UE. Cependant, il faut souligner que la majorité des nations européennes adopteront des restrictions pour les travailleurs croates pendant les deux années prochaines. L’Allemagne a prévenu qu’elle prévoyait de limiter l’accès de son marché du travail aux personnes les plus qualifiées. Jusqu’en 2015, les Croates qui chercheront un emploi dans un pays membres seront traités comme des extra-communautaires, et pas comme des citoyens de l’UE.

Le gouvernement croate a déjà annoncé que les nations baltiques et scandinaves n’adopteront aucune restriction. Les ambassades de la Lettonie, de la Lituanie, de la Roumanie, de la Slovaquie, du Portugal et de la Suède ont confirmé cette information. Soulignons néanmoins que la plupart des pays considérés comme les destinations plus intéressantes pour les Croates (Autriche, Allemagne, Italie) n’ont encore arrêté aucune décision à ce propos.

Partir

Après l’intégration de la Croatie dans l’UE faudra-t-il donc s’attendre à une vague d’émigration des Croates de Bosnie ? C’est assez probable. D’autant que la situation en Bosnie-Herzégovine ne cesse d’empirer : chômage en hausse, salaires et retraites qui n’augmentent pas alors que les prix flambent. Sans parler de la situation politique bloquée depuis les Accords de Dayton.

Aujourd’hui, les enquêtes montrent que 70% des jeunes veulent quitter le Pays. Dans un mois, ceux qui ont la nationalité croate auront enfin la possibilité de le faire, il est certain qu’ils ne se priveront pas de cette opportunité. La plupart tenteront de trouver un emploi dans un pays « riche » de l’UE, mais d’autres pourraient profiter des départs des Croates pour s’installer en Croatie.