Bulgarie: les électeurs boudent les urnes et ne donnent la majorité à personne
Par Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin
- Devant le Palais de la Culture (©CdB)
Au terme d’une campagne électorale entachée de multiples scandales politiques, et 24 heures après la découverte de 350.000 bulletins frauduleux dans une imprimerie de la banlieue de Sofia, les électeurs bulgares ont boudé les urnes.
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Moins de 50% des inscrits ont pris part au scrutin et seul quatre de la cinquantaine de partis en lice dépassent la barre des 5% des suffrages, nécessaire pour entrer au Parlement. Le scrutin s’est dans l’ensemble déroulé sans fraudes massives, même si, selon l’ONG Transparency without Borders, plus de 200 violations du processus électoral ont été enregistrées.
Avec 30% des suffrages, les conservateurs populistes du Premier ministre Boïko Borissov ne seront pas en mesure de former seul un nouveau gouvernement. Selon les derniers décomptes, le GERB obtiendrait 96 députés dans le nouveau Parlement, le Parti socialiste (BPS) en aurait 83, le DPS 37 et Ataka 24. Autant dire que les deux coalitions les plus « probables », GERB-Ataka ou BSP-DPS ont... exactement le même nombre de députés !
Des négociations seront donc nécessaire pour former une coalition capable de diriger le pays, ouvrant la voie à une longue période d’instabilité. Dès dimanche soir, le DPS a entrepris une véritable opération de séduction du GERB, alors que ces partis étaient, jusqu’à présent fortement rivaux. Tout ceci ne risque guère de réconcilier les Bulgares avec leur classe politique.
Après les manifestations spontanées de cet hiver, qui dénonçaient la pauvreté et la corruption des élites politiques, la mouvement de protestation semble pour le moment retombé. Une centaine de manifestants se sont retrouvés dimanche soir devant le Palais de la Culture de Sofia, où siégeait la Commission électorale, brandissant des drapeaux bulgares et des torches, chantant des hymnes populaires et scandant des slogans contre « les mafias au pouvoir », avant d’être délogés par la police.
Adriana, une jeune femme de 25 ans, a participé à toutes les manifestations depuis le mois de février. Elle explique le faible nombre de manifestants par la « peur » qui domine toujours les citoyens bulgares. Adriana passe beaucoup de temps dans le petit camp de tentes dressé devant le Parlement. Dimanche, Elle s’est rendue aux urnes, mais pour glisser un bulletin nul, frappé de la formule « la liberté ou la mort ».