liberté d’expression en Bulgarie: pour Boïko Borissov, la presse doit s’abstenir de «commentaires»

Novinite/courrierdesbalkans
Traduit par Stéphane Surprenant
Publié dans la presse : 29 novembre 2012
Mise en ligne : mardi 4 décembre 2012
Le Premier ministre l’assure : « il n’y a aucune censure en Bulgarie ». Pourtant quand des journalistes l’interrogent sur la lettre envoyée par l’UE l’incitant à tout faire pour défendre la liberté de la presse, il préfère botter en touche. Parce que le problème des médias, c’est qu’ils passent leur temps à « faire des commentaires » au lieu de défendre l’action de son gouvernement...

Lors d’une conférence de presse, Boïko Borissov a essuyé des questions au sujet des récentes critiques concernant la liberté des médias en Bulgarie émises non seulement dans le pays, mais également par des sources proches de la Commission européenne.

Visiblement nerveux, le Premier ministre bulgare a contre-attaqué en demandant aux journalistes présents à la conférence de presse si l’un d’entre eux avait déjà ressenti des pressions indues, ou si encore il avait déjà eu l’impression de ne pas être libre dans son travail.

« Je ne me soucie pas de ces critiques, parce qu’elles montrent parfaitement qu’il ne peut pas y avoir de plus grande liberté d’expression que celle dont nous jouissons. Que puis-je faire de plus ? », a philosophé le chef du gouvernement bulgare.

Un journaliste a alors réitéré la question initiale, qui portait sur les remarques faites par la commissaire en charge de la société numérique, Neelie Kroes, à propos de la situation des médias en Bulgarie. Elle a récemment envoyé une lettre à Boïko Borissov le pressant de défendre la liberté des médias en Bulgarie.

« Laissez donc Neelie Kroes tranquille, c’est à vous que je pose la question ! Avez, par exemple, déjà reçu des instructions au sujet des questions que vous pouviez me poser ou ne pas me poser ? », a poursuivi le Premier ministre, décidément très en forme.

« Alors voici la véritable situation de la censure ici : il n’y en a tout simplement pas. La réalité est que vous pouvez me demander tout ce que vous voulez et diffuser tout ce que vous voulez, et cela quand bon vous semble », a conclu le chef du gouvernement.

Pourtant, dernièrement, lors d’une visite à Varna sur les bords de la mer Noire, Boïko Borissov a fortement incité les journalistes à montrer les succès de son gouvernement, leur conseillant même de « ne pas faire de commentaires sur quoi que ce soit ».

« Montrez des routes, des théâtres, des salles des fêtes, des bibliothèques ou des centres sportifs, mais laissez tomber toutes ces analyses sur tout et n’importe quoi ! », aurait lancé le Premier ministre à des journalistes, selon l’agence de presse Focus.