élections en Grèce: après le 6 mai, tous les scénarios sont possibles

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6 mai : élections de crise en Grèce
Les électeurs grecs retourneront aux urnes le 6 mai, pour des élections prévues depuis la formation du gouvernement « technique » de Lucas Papademos, à l’automne dernier. Les sondages laissent prévoir un effondrement des partis « traditionnels », le PaSoK et la Nouvelle démocratie (droite), une poussée de la gauche radicale et un éclatement de la scène politique... Se dirige-t-on vers un pays ingouvernable ?
I Kathimerini/courrierdesbalkans

Élections en Grèce: après le 6 mai, tous les scénarios sont possibles

Traduit par Laurelou Piguet
Publié dans la presse : 14 avril 2012
Mise en ligne : mercredi 25 avril 2012
Le 6 mai, les électeurs grecs retournent aux urnes, pour des élections anticipées à l’issue très ouverte. Les partenaires européens de la Grèce souhaitent un gouvernement de grande coalition PaSoK/Nouvelle démocratie, mais il n’est pas certain que les deux « grandes » formations politiques grecques, même coalisées, parviennent à avoir la majorité. I Kathimerini passe en revue les différents scénarii.

Par Panagis Galiatsatou et Yorgos Bourdaras

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La composition du futur Parlement pourrait révéler bien des suprises

Le compte à rebours a commencé pour la campagne électorale la plus courte de ces dernières années, et tous les sondages indiquent qu’elle préfigure une période de grande instabilité politique. Des états-majors des grands partis à la base de l’électorat, la même inquiétude diffuse se répand, car nul ne sait de quoi demain sera fait.


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6 mai : élections de crise en Grèce 


Ces élections de la crise et de l’incertitude sont anxiogènes non seulement à l’intérieur du pays mais aussi chez la plupart de nos partenaires qui suivent avec un grand intérêt l’évolution de la campagne et souhaitent qu’elle aboutisse à la formation d’un gouvernement viable et stable pour que l’application du nouvel accord de prêt se fasse sans obstacle.

Cependant, l’éclatement évident de la scène politique et l’instabilité qui risque d’en découler provoquent nombre de discussions sur la situation au lendemain des élections. En effet, lors des dernières élections, en 2009, le bipartisme était encore bien installé : Pasok et Nouvelle-Démocratie se partageaient 251 sièges, suivis du Parti communiste (KKE) avec 21 sièges, le LAOS (extrême droite) en pleine ascension faisait entrer 15 députés au Parlement, et le cinquième parti, la coalition de la gauche radicale SYRIZA, obtenait 13 élus.

Aujourd’hui, alors que le Parlement a été dissous, le Pasok ne compte plus que 129 députés sur les 160 élus en 2009, puisque beaucoup ont été radiés des listes et d’autres se sont eux-mêmes émancipés du parti. Certains ont créé leur propre parti - l’Union sociale -, d’autres ont rejoint les rangs du SYRIZA ou ceux de la Gauche démocratique.

Cette logique d’éclatement n’a pas frappé que le Pasok. À droite, l’itinéraire de Nouvelle Démocratie a pris la direction suivante : le parti a perdu certains de ses responsables avec la création de l’Alliance démocratique de Dora Bakogiannis puis, plus récemment, avec celle des Grecs indépendants de Panos Kamménos.

Le but prioritaire de Nouvelle Démocratie reste d’obtenir la majorité absolue, mais les sondages indiquent qu’aucun des deux grands partis, la Nouvelle Démocratie et le Pasok, n’obtiendra la majorité au parlement, si bien que le risque est celui de voir apparaître une scène politique morcelée. C’est le sujet des conversations de tous les stratèges des partis grecs, et voici les scénarii les plus envisageables :

  •  Nouvelle-Démocratie remporte les élections avec une large avance sur le Pasok, comme le laissent supposer les derniers sondages : Antonis Samaras a clairement dit qu’indépendamment de la différence de voix et dans tous les cas, il faudra que le Premier ministre soit issu du parti majoritaire au Parlement. Dans cette perspective, Evangélos Bénizélos, chef de file du Pasok, le reconnaîtrait comme Premier ministre, mais il n’a pas encore expliqué quel type de soutien il lui apporterait. Le Pasok participerait-il au gouvernement ou choisirait-il un soutien parlementaire sans participation ? Les partenaires européens souhaitent bien sûr voir les deux grands partis former un gouvernement de coalition.
  •  Si la différence entre les deux grands partis met le Pasok en position d’exercer son véto sur le choix du Premier ministre, il faudra rechercher une personnalité acceptable par tous les camps. Loukas Papadimos, actuel Premier ministre, ne sera pas disponible : selon des cadres du gouvernement, il estime avoir accompli la mission pour laquelle on est venu le chercher, et ne souhaite pas s’impliquer davantage dans la vie politique du pays. Il considère que la pays a besoin d’un gouvernement formé par les deux grands partis, investi par le peuple d’un mandat clair, et que le système politique montre, après les élections, combien il est mûr pour un travail de collaboration.
  •  Comme personnalité consensuelle qui pourrait dans ces conditions être proposé au poste de Premier ministre, circule le nom de l’actuel ministre des Affaires étrangères et vice-président de Nouvelle Démocratie, Stavros Dimas. Ancien Commissaire européen à l’Environnement, il reste dans cette période de campagne en-dehors des rixes entre partis. Il n’a pas déposé sa candidature, et se montre ouvert aux autres forces politiques. Son principal atout reste toutefois la facilité avec laquelle il se meut dans les réseaux européens. Il avait collaboré avec les Allemands sur les émissions polluantes de l’industrie automobile, du temps où il était Commissaire européen, et ces derniers le respectent. Ils ont d’ailleurs manifesté leur intérêt il y a déjà quelques semaines, pour savoir si Antonis Samaras le nommerait ministre des Finances, en cas de formation d’un gouvernement Nouvelle Démocratie.
  •  Parmi les autres personnalités potentielles pour le rôle de Premier ministre en cas de cohabitation, il faut encore évoquer le ministre de la Défense Dimitris Avramopoulos. Son nom toutefois n’est pas aussi sûrement cité.
  •  Cependant, le scénario le plus inquiétant serait que les deux partis au pouvoir n’obtiennent pas de majorité. Dans ce cas, des pressions, aussi bien à l’intérieur du pays que par nos partenaires européens, seront certainement exercées sur une tierce personne, par exemple Fotis Kouvelis, président du nouveau parti de la Gauche démocratique (DIMAR). C’est une éventualité sur laquelle compte bien la DIMAR, tout en la redoutant. Il y a quelques semaines, un haut responsable allemand avait rendu une petite visite de politesse au siège du parti...