els Gorani, nous ciutadans de la Unió Europea?
Minorité : la Bulgarie offre la citoyenneté bulgare aux Gorani du Kosovo et d’Albanie
- Vue de Brod (©CdB/Laurent Geslin)
Les Goranis, des Slaves de confession musulmane, parfois considérés comme des Macédoniens, vivent dans 18 villages de la région de la Gora, située aux confins du Kosovo, de l’Albanie et de la Macédoine.
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Le Président de l’Association des Goranis de Macédoine, Avnija Rahti explique que des émissaires bulgares, accompagnés d’un juriste, essaient de convaincre les Goranis des avantages de la citoyenneté bulgare : un emploi dans les pays de l’UE et l’éducation gratuite à Sofia ou Plovdiv. « Tout ce que les Goranis ont à faire, c’est de signer les documents qui déclarent qu’ils ont des origines bulgares et qu’ils se considèrent comme des Bulgares ».
En effet, la Constitution bulgare offre la possibilité d’acquérir la citoyenneté bulgare par une « procédure simplifiée » selon la loi sur la citoyenneté. L’Agence pour les Bulgares de l’étranger, qui organise ces tournées, a mis au point un document stratégique en 2010 sur son site Internet qui explique que le but de cette politique est d’unir tous les Bulgares et faire remonter le taux de natalité défaillant du pays.
L’an dernier, plus de 16.000 citoyens de Macédoine, 2.000 ressortissants ukrainiens et 1.000 Serbes ont ainsi obtenu la citoyenneté bulgare, mais seulement six Kosovars selon les chiffres avancés par l’Agence. Par contre, en Albanie, près de 1.500 personnes auraient obtenu la citoyenneté bulgare, assure Gëzim Kurti, responsable des Bulgares d’Albanie.
L’universitaire bulgare Antoinette Primatarova suggérait dans un article paru l’an dernier que le Premier ministre Boyko Borissov voulait insuffler une nouvelle vie à la célèbre formule de Bismarck, prétendant que les Bulgares étaient « les Prussiens des Balkans ».
Cette politique est vivement contestée. Pour Todor Petrov du Congrès mondial des Macédoniens, la Bulgarie profite de son statut de membre de l’UE pour poursuivre la politique d’assimilation qu’elle mène depuis le XIXe siècle à l’encontre des Macédoniens et des autres peuples. « Cette fois, la Bulgarie utilise la politique du passeport, en plus des avantages matériels habituels réservés aux populations les plus pauvres des Balkans », estime Todor Petrov.