Nous ne savons pas encore quand finira le prochain conclave.
Les élections du pape ont été parfois incroyablement longues.
Comme vous le savez si vous avez déjà consulté notre nouvel Observatoire, plus de huit cent jours pour celles commencées en 1292 et en 1314, jusqu’à plus de mille jours pour la plus longue de l’histoire qui commence en 1268.
C’est d’ailleurs à peu près à partir de cette date qu’on peut parler d’une manière plus appropriée de conclave.
C’est une histoire un peu ancienne, mais elle mérite d’être racontée.
En novembre 1269, après une longue année de décalages et une avalanche de négociations stériles, les habitants de Viterbe—la ville du Latium où se déroulait l’élection depuis décembre 1268—et que certains historiens décrivent, sans doute avec une litote, comme «excédés», craignant de ne jamais voir la fin de la vacance du siège apostolique, décident d’enfermer les cardinaux électeurs à clef dans un palais.
En produisant cette innovation électorale, ils contribuent ainsi à donner au terme conclave, «cum clave», c'est-à-dire «avec une clef», son sens moderne.
Mais cette manœuvre n’est pas suffisante.
Il faudra encore priver les cardinaux de toute autre nourriture que du pain sec et aller jusqu'à retirer le toit du palais où ils sont entassés, enfermés et affamés, pour qu’ils puissent enfin tomber d’accord sur une méthode leur permettant de trouver un nom et échapper ainsi à l’arrivée de la pluie et de la mauvaise saison—deux ans et neuf mois plus tard.
Il y aura alors un dernier problème à résoudre.
Le pape—ou plutôt la personne que les cardinaux ont élue—n’est pas en Italie mais en Terre Sainte, où il accompagne Édouard d'Angleterre à la tête d'une armée de croisés.
Il faudra donc attendre son retour en mars de l’année suivante pour que Teobaldo Visconti accepte de devenir évêque de Rome sous le nom de Grégoire X.
Responsable d’une profonde réforme du processus d’élection pontificale (sic), Grégoire X deviendra l’un des premiers Européens à correspondre avec l’empereur de Chine par le truchement d’une famille de marchands vénitiens dont est issu un certain Marco Polo.