minorités ethno-confessionnelles à l’Iran (IV/VI)
(cont. IV_VI)
des terroristes et que « de nombreux terroristes [djihadistes] et les chefs responsables du crime terroriste d’Ahvaz [avaient] été tués ou blessés » dans ces représailles [87].
C. La problématique kurde en Iran
Les Kurdes iraniens (quelque 9 millions soit 10 % à 12 % des quelque 80 millions d’Iraniens qui peuplent le Rojhelat [88]) se reconnaissent comme les descendants des Mèdes et comme partie intégrante de la civilisation iranienne. La langue kurde [89] est d’ailleurs un dialecte du persan.
La province du Kurdistan (Ostan-e Kordestan en Persan ; Parêzgey Kurdistan en Kurde) constitue l’une des trente provinces d’Iran, à ne pas confondre avec la région plus grande du Kurdistan iranien. Sa capitale est Sanandaj [90]. La superficie de la province est de 28 817 km², ce qui ne représente qu’un-huitième des régions habitées par des Kurdes en Iran (Kurdistan iranien). La province est située dans l’Ouest de l’Iran et est entourée par l’Irak à l’Ouest, la province iranienne de l’Azerbaïdjan occidental au Nord, celle de Zanjan au Nord-Ouest et la province de Kermanshah au Sud.
Le Kurdistan Iranien (Rojhellatî Kurdistan en Kurde) est un nom non-officiel pour les régions d’Iran habitées par les Kurdes, qui a des frontières avec l’Irak et la Turquie. Elle inclut des parties de la province d’Azerbaïdjan de l’Ouest, du Kordestan, de la province de Kermanshah et de la province d’Ilam. Cette région est la partie orientale du grand espace géo-culturel appelé Kurdistan [91] et qui déborde au-delà de l’Iran sur l’Irak, la Turquie et la Syrie. Les Kurdes des provinces de Kermanshah et d’Ilam sont pour la plupart chiites, tandis que ceux qui habitent en Azerbaïdjan sont des Kurdes sunnites [92].
En Iran, la langue kurde est officiellement reconnue et au Parlement siègent des députés kurdes qui représentent officiellement les huit millions de Kurdes. Contrairement à la Turquie, il n’existe pas de phobie à l’égard des mots kurdes et Kurdistan, puisqu’il existe une région iranienne portant le nom de Kurdistan (Kordestan en persan). Cela s’explique pour partie par le fait qu’au contraire de la Turquie et de l’Irak arabe, le mot d’Iran au sens littéral ne correspond à aucune identité ethnique et/ou linguistique particulière. C’est pourquoi un processus analogue à celui d’une « turquisation » ou à une « arabisation » forcée au sens strict n’existe pas réellement en Iran. Les Turcs ou les Arabes irakiens ont longtemps choisi une « logique ethnique » qui porte en germe une forme d’épuration ethnique, voire pire comme avec le génocide arménien en 1915 ; l’Iran en revanche a toujours privilégié, tout au long de son histoire et ce, depuis l’empire achéménide, une « logique culturelle » aboutissant à une forme de coexistence plus ou moins aboutie selon les circonstances [93]. Le fait est qu’en acceptant cette logique, la loi constitutionnelle iranienne de 1906 et de 1907, n’avait pas désigné de langue officielle. Conformément à l’histoire millénaire de l’Iran, cette loi maintenait la cohésion des diverses régions et ethnies, fondée qu’elle était sur un système décentralisé. La constitution se présenta même pendant un temps comme un rempart contre les dangers d’une centralisation excessive. Mais Reza Shah, centralisateur, devint l’adversaire acharné de l’application de la Constitution et fit prévaloir « la raison d’État » sur la « logique des réalités » [94]. Et, sans surprise, l’Iran s’allia avec la Turquie et la Syrie pour contrer et réprimer les aspirations nationales kurdes. La ville de Mahabad, cité kurde, fut la capitale de la République Mahabad créée à l’instigation de Staline en 1946/47. Le découpage administratif de Mahabad est, à ce titre, significatif du passif historique. De manière arbitraire, l’ancienne capitale kurde n’appartient pas à l’ostan (« province ») du Kurdistan iranien - à l’instar de Nantes eu égard à la région Bretagne en France -, mais à celle de l’Azerbaïdjan occidental. Les autorités iraniennes ont centré le Kurdistan iranien sur la ville de Sanandaj (anciennement Sinneh), située à 280 kilomètres au Sud de Mahabad. Des demandes locales de rattachement à la province historique du Kurdistan, telle que constituée dans les années 30, ou encore en faveur d’un autre Kurdistan dont l’épicentre serait Mahabad, n’ont jamais abouti. Et, à cet égard, on peut relever une constante : le pouvoir central iranien, qu’il soit celui du Shah ou celui de la République islamique, se refuse à accorder au Kurdistan une expression administrative qui correspondrait plus fidèlement à l’aire de peuplement de la population kurdophone [95].
Le fait est qu’il existe en Iran, comme dans les pays limitrophes comptant une forte minorité kurde, des revendications kurdes spécifiques.
Certains mouvements indépendantistes comme le Komoleh ou le PKK (Partiya Karkeren Kurdistan/Parti Karkerani Kurdistanou « Parti des travailleurs du Kurdistan d’obédience marxiste-léniniste) ont tenté de s’attribuer la paternité de cette révolte du Kurdistan. C’est notamment le cas de l’Organisation Révolutionnaire des Travailleurs du Kurdistan Iranien (Revolutionary Organization of the Toilers of Iranian Kurdistan/Komalaï Shoreshgeri Zahmatkeshani Kurdistani Iran/ Sazman-e Enqelabi-ye Zahmatkeshan-e Kordestan-e Iran, Komala). Il s’agit d’une organisation autonomiste kurde (de tendance maoïste) fondée en 1969 par Ibrahim Alizadeh et dirigée par un secrétaire général dénommé Abdullah Mohtadi. Il entama une guérilla dès 1979 contre le gouvernement iranien. Komala a parfois été allié avec le Parti Démocratique du Kurdistan Iranien, de tendance baathiste (Democratic Party of Iranian Kurdistan/Partiya Demokrata Kurdistan-Iran/Partî Dêmokratî Kurdistan-Iran/Hezb-e Demokrat-e Kordestan-e Iran, DPIK) dont le dirigeant charismatique, Abdul Rahmane Ghassemlou, devait être assassiné en 1989 à Vienne par un commando dépêché d’Iran. Komala opérait principalement dans la région de Sanandadj, mais est moins présent depuis une quinzaine d’année dans la mesure où le siège du parti se trouve dans le Kurdistan irakien. Comme a pu le souligner Abdallah Muhtadi, secrétaire général du Komala : « La chute du régime monarchiste des Pahlavi et l’établissement d’un système républicain religieux à la place, fondé sur une autorité chiite comme base assurant la légitimité du pouvoir, a doublement renvoyé les Kurdes au statut de minorité. Ils sont visés en tant que non-Perses, mais aussi parce qu’ils sont, majoritairement, sunnites » [96]. Il faut également mentionner le Democratic Union of Iranian Kurdistan/Yekitî Dêmokratî Kurdistan-Iran, YDKS, le Free Life Party of Kurdistan/Partiya Jiyana Azad a Kurdistane/Partiya Jiyanê Azadi Kurdistan, PJAK, le Kurdistan Organisation of the Communist Party of Iran/Sazman-e Kordestan-e Hezb-e Komunist-e Iran, Komalah, et le Revolutionaries Union of Kurdistan/Yekîtiya Soresgerên Kurdistan. Il existe une organisation armée kurde en Iran relevant du PJAK (« Parti pour une Vie Libre au Kurdistan ») [97], laquelle déclare mener la lutte au nom d’un Kurdistan libre et se dit « en guerre contre le gouvernement iranien ». Ce nom est apparu avec la première revendication début 2004 d’une attaque dans la région de Marivan - le PJAK avait tenu son premier congrès le 25 mars 2004 -, en représailles contre les forces iraniennes qui avaient tiré sur la foule dans une manifestation kurde en faisant une dizaine de victimes. Les hommes du PJAK, qui disent lutter pour la « Résurrection du Kurdistan libre », sont des Kurdes autochtones mais d’aucuns considèrent qu’ils seraient la face iranienne d’un janus dont le PKK serait la face turque. Pour preuve, un des anciens leaders du PJAK n’était autre que Shapour Badoshiveh, Kurde iranien et ancien citoyen canadien disparu en 2004, en charge du Kurdistan oriental au sein du PKK. Son leader actuel serait un certain Abdul Rahman Hadji Ahmadi, un kurde iranien [98] mais aussi un ancien membre du PDK-Iran. Un ancien commandant du PJAK, Mamand Rozhe, avait déclaré en 2008 à un grand quotodien américain que le PKK, qui cherchait à établir une relation directe avec les États-Unis, avait formé le PJAK qu’il voyait comme un moyen de s’attirer les sympathies américaines face à l’Iran au sein duquel il pourrait constituer un instrument de déstabilisation aux marges du pays [99]. Le chef militaire du mouvement serait un certain Sherzad Kemanger, un Kurde iranien de trente-cinq ans qui aurait rejoint la lutte armée il y a près d’une décennie après un séjour dans les geôles iraniennes. Les activistes du PJAK se cacheraient dans les montagnes alentour, notamment dans les Monts Qandil, épine dorsale qui court le long de la frontière septentrionale de l’Irak avec la Turquie et l’Iran et qui se trouve à moins de 10 miles (soit une quizaine de kilomètres) de la frontière iranienne. Les combattants, dont le nombre aurait été estimé à quelque 3 000 hommes [100], s’armeraient en Irak. Les trafics d’armes transiteraient par Sardasth, plus rarement par Baneh ou Marivan. Ils seraient ensuite dirigés vers Mahabad, et parfois vers d’autres villes d’Iran. Selon Téhéran, rien qu’en 2005, le PJAK aurait tué au moins cent-vingt membres des forces de sécurité iraniennes [101]. Les forces de sécurité ne parvinrent à reprendre en main la situation qu’en instaurant la loi martiale. Mais le Kurdistan iranien demeurait un véritable chaudron en ébullition prêt à exploser à la moindre occasion. Un pic allait même être atteint en février 2006 quand une dizaine de manifestants kurdes fut éliminée par les forces de sécurité iraniennes. Deux bases de Pasdarans furent attaquées en représailles. C’est à ce moment que Téhéran décida d’ailleurs d’entrer en Irak, le 21 février 2006, pour bombarder les bases du PJAK. Cela n’empêcha pasle PJAK de revendiquer, le 25 février 2007, une attaque contre un hélicoptère des Pasdarans. Selon un communiqué transmis à un correspondant de l’AFP dans le Nord de l’Irak, signé du PJAK, cette attaque aurait eu lieu la veille quand les Pasdarans effectuaient des opérations de ratissage à Koutoul, près de la ville de Mahabad, dans le Kurdistan iranien, dans la province d’Azerbaïdjan occidental, située à la frontière irakienne et turque. Le régime de Téhéran avait finalement reconnu avoir perdu quatorze Pasdarans et un hélicoptère tout en affirmant avoir tué une cinquantaine de Kurdes, militants du PKK ou séparatistes membres de Pjak. L’année suivante, on pouvait relever une recrudescence des embuscades contre les Pasdarans. Au total, il y avait eu plus d’une quinzaine de morts de différents grades et même des commandants dont un tué par un tireur isolé alors qu’il quittait sa caserne. En réponse aux multiples embuscades des activistes kurdes basés en Irak, les Pasdarans avaient procédé à des tirs de barrage d’artillerie. De fait, l’Iran n’hésitait pas à multiplier les bombardements par-dessus la frontière avec l’Irak. Les bombardements avaient touché des villages dans les provinces de Sulaimaniyeh et d’Irbil dans la zone kurde autonome du Nord de l’Irak où seraient réfugiés les activistes kurdes iraniens.
Le 24 avril 2009, les combattants du PJAK avaient attaqué des postes frontaliers iraniens et tué vingt-et-un miliciens des Pasdarans chargés des frontières. Ce jour-là, le Pejak avait frappé fort en parvenant à mener à bien trois attaques coordonnées : contre un Centre de Commandement à Sanandaj (un milicien tué, quatre blessés), contre un poste frontalier à Ravânsar-Paveh (dix-huit tués, dix blessés) et finalement contre une patrouille qui avait encore fait périr deux bassidjis (miliciens). La riposte héliportée des Pasdarans en date du 3 mai 2009 contre trois villages kurdes du Nord de Irak devait constituer la réponse à ces trois actions contre ses forces de sécurité. Il ne s’agissait rien moins que du premier raid aérien iranien contre le PJAK.
En 2010, le PJAK avait revendiqué la mort de plusieurs soldats de la Garde révolutionnaire à Khoy. Le 24 mars 2010, deux policiers iraniens avaient été tués et trois autres blessés lors de deux attentats à Sanandaj, dans la province du Kurdistan. Le 1er avril suivant, quatre gardes-frontières étaient tués et trois autres blessés dans l’attaque d’un poste de police situé près de la ville de Marivan.
Le 16 juillet 2011, l’armée iranienne décidait de lancer une vaste offensive contre les camps du PJAK dans les régions montagneuses du Nord de l’Irak. Elle avait annoncé avoir pris le contrôle de trois bases rebelles, dont l’une avait été identifiée comme étant Marvan et aurait été le principal camp du PJAK dans la région. Le 5 août 2011, Rahman Haj Ahmedi, chef du Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK), avait déclaré à Newsmax que plus de 300 gardiens de la révolution iraniens avaient été tués dans une série d’embuscades. De leur côté, les responsables iraniens avaient toutefois affirmé avoir tué plus de 150 activistes du PJAK au cours des opérations militaires. Le 8 août 2011, Abdul Rahman Haji Ahmadi, le dirigeant du PJAK, avait déclaré que le groupe rebelle armé était prêt à négocier avec l’Iran et affirmé que les problèmes kurdes devaient être résolus par des « moyens pacifiques ». Dans un entretien exclusif avec Rudaw, Haji Ahmadi avait reconnu que, dans certains cas, le compromis était inévitable et avait indiqué que le PJAK était disposé à déposer les armes. De nouvelles opérations meurtrières étaient lancées début septembre 2011, au point de pousser les séparatistes kurdes d’Iran à proposer un cessez-le-feu à Téhéran, qui avait engagé une offensive contre les rebelles kurdes dans des zones frontalières entre l’Iran et l’Irak. « Nous avons pris l’initiative de proposer un cessez-le-feu pour un temps limité afin d’entamer des négociations avec la partie iranienne et de régler les problèmes entre nous », avait ainsi déclaré le 5 septembre, Sherzad Kamangar, un porte-parole du PJAK basé en Irak. Cette proposition de la part du PJAK pouvait être perçue par Téhéran comme un aveu de faiblesse. Et ce d’autant plus que le commandant militaire adjoint du PJAK, venait de trouver la mort lors d’un bombardement iranien, avait été contraint de reconnaître l’organisation sur son site : « Majid Kawiyan, connu sous le nom de camarade Samkou, adjoint du commandant en chef des forces du Parti pour une vie libre du Kurdistan dans l’Est du Kurdistan [d’Iran] a été tué (...) lors d’un violent bombardement iranien » le 4 septembre précédent, indiquait un communiqué de ce mouvement sur son site. Plus tôt, les Gardiens de la révolution, en première ligne dans la lutte contre les rebelles kurdes aux frontières de l’Iran, avaient les premiers annoncé cette mort sur leur site Sapahnews, citant un communiqué interne du PJAK. Le 12 septembre, un cessez-le-feu avait été établi. Et le 29 septembre 2011, les Gardiens de la révolution avaient indiqué avoir « nettoyé » les zones frontalières du Nord-Ouest de l’Iran des groupes rebelles kurdes armés, tué 180 rebelles du PJAK et fait près de 300 blessés. Selon Farsnews, le commandant au sol des gardes de la révolution, le général Abdollah Araqi, avait déclaré que le conflit avait pris fin après que le PJAK eut accepté les conditions de l’Iran et retiré toutes ses forces du sol iranien.
Depuis, les accrochages armés étaient devenus rares dans cette région. Mais le 4 janvier 2012, le PJAK déclarait que les forces de la République islamique avaient violé les termes du cessez-le-feu entre les deux parties. Alors qu’une trentaine de Kurdes auraient été tués ou blessés par les Gardiens de la révolution dans différentes villes du Kurdistan iranien depuis la fin du mois de mars 2012, sans doute en réprésailles, 4 officiers du CGRI avaient été tués et 4 autres blessés le 25 avril 2012, dans un affrontement près de Paveh, dans la province iranienne de Kermanshah.
Les accrochages reprirent en 2013. Le 9 octobre 2013, cinq membres des Gardiens de la Révolution avaient été tués dans un nouvel accrochage avec des rebelles dans la région de Baneh, située dans la province du Kurdistan, frontalière avec l’Iran. Un certain nombre d’affrontements entre le PJAK et la Garde révolutionnaire eurent eu lieu également en mai 2013. Le 19 août, une bataille avait éclaté dans la zone frontalière de Sardasht entre les gardiens de la révolution et le PJAK, dans laquelle le PJAK avait déclaré avoir tué 7 soldats iraniens et perdu 2 combattants. Les affrontements s’étaient multipliés en octobre 2013.
Ces affrontements devinrent sporadiques en 2014 et 2015. Mais de violents affrontements eurent lieu le 19 avril 2016, poussant les observateurs à s’interroger sur le fait de savoir s’il s’agissait d’une réactivation du conflit armé. Le PJAK était d’une certaine manière victime des divisions ataviques kurdes. Cela s’est manifesté en 2018 lorsque les partis du Kurdistan iranien avaient rejeté un appel à l’unité lancé par le PJAK afin de présenter un front uni contre la république islamique et ce, alors qu’une dizaine de membres des Gardiens de la révolution avaient été tués, le 20 juillet 2018, dans une attaque menée par des insurgés kurdes contre l’une de leurs bases dans le village de Dari, dans le Nord-Ouest du Kurdistan iranien. Dans un communiqué publié le 12 août 2018, le groupe avait appelé à une commission mixte pour résoudre leurs rivalités, à une force armée combinée et à une plate-forme médiatique partagée. La dimension nationale kurde se heurtait aussi à une « islamisation » avérée de certains Kurdes sunnites iraniens, même si c’est loin de constituer un nombre important de membres de la communauté kurde.
L’« Etat islamique »/Daech avait revendiqué sa première attaque en Iran, le 7 juin 2017. Des hommes armés et des kamikazes avaient attaqué à Téhéran le Majlis (Parlement) ainsi que le mausolée du fondateur de la République islamique, l’imam Ruhollah Khomeyni, faisant 17 morts (23 avec les terroristes) et des dizaines de blessés. Selon l’agence officelle de l’« Etat islamique »/Daech appelée Amaq, deux kamikazes avaient fait exploser leurs gilets d’explosifs devant le mausolée de Khomeiny, tandis que des inghimasis (des « infiltrés » bien entraînés et équipés d’une ceinture « exploisive ») avaient réussi à porter leur attaque au sein même du parlement. Mais les assaillants du Parlement s’étaient vite égarés dans les bureaux des parlementaires. Ils n’avaient pu accéder à l’hémicycle, pourtant en pleine session. Dans l’enceinte de leur seconde cible, le mausolée du fondateur de la République islamique, l’ayatollah Khomeyni, les terroristes cernés par les policiers avaient abattu un jardinier, avant que l’un d’eux ne fasse détoner sa ceinture explosive sans faire de victimes.
Quelques mois plus tôt, l’organisation avait menacé d’agir en Iran en représailles au soutien militaire et logistique apporté par Téhéran aux autorités en Syrie et en Irak, deux pays où le groupe djihadiste avait déjà perdu l’écrasante majorité des territoires qu’il contrôla un certain temps. En effet, dans une rare vidéo de propagande en langue farsi de 36 minutes mise en ligne le 27 mars 2017 à partir de la province de Diyala (Irak), l’organisation affirmait vouloir conquérir l’Iran pour « le rendre à la nation musulmane sunnite » non sans avoir provoqué un bain de sang chez les chiites. Dans cette vidéo, un homme masqué s’adressait à l’ayatollah Ali Khamenei : « Toi, la personne maudite qui contrôle le soi-disant régime islamique iranien, sois sûr que nous allons bientôt détruire ta maison de cette façon », s’exclamait-il en montrant des ruines derrière lui. Plusieurs soldats prisonniers avaient été décapités dans la vidéo. L’un d’eux portait un badge à la gloire de l’imam Hussein, montrant qu’il était chiite. L’organisation, qui considère les chiites comme des « hérétiques », accusait dans la vidéo l’Iran de persécuter les sunnites depuis des siècles : « Nous conquerrons l’Iran et y restaurerons la nation sunnite telle qu’elle était avant », afirmait un autre homme dans la vidéo. L’« Etat islamique »/Daech veut probablement utiliser ses opérations en Iran pour renforcer son recrutement parmi les djihadistes sunnites et d’autres adeptes potentiels, alors même que l’organisation d’Al-Qaïda a toujours évité de commettre des attaques terroristes à l’intérieur de l’Iran où certains de ses membres avaient trouvé un discret refugue après le 11 septembre 2001.
Cette stratégie assumée de l’« Etat islamique »/Daech vise notamment la communauté des Kurdes iraniens en grande partie d’obédience sunnite, ce qui les expose à une double forme de discrimination stricto sensu ethno-confessionnelle. Or, il s’est avéré que quatre des cinq activistes qui ont mené deux importantes opérations terroristes à Téhéran, le 7 juin 2017, contre le mausolée de l’imam Khomeyni et le Parlement, seraient précisément des Kurdes iraniens. Le nom de l’un d’eux, Saryas Sadeghi, avait d’ailleurs été publié dans la presse. Ce recruteur présumé était en relation, via Internet, avec un combattant de L’« Etat islamique »/Daech basé en Irak ou en Syrie et des étudiants en théologie de l’université de Médine, en Arabie saoudite. Selon le ministre des Renseignements iranien, Mahmoud Alavi, ces activistes auraient rejoint de longue date des cercles qualifiés de « wahhabites », pour stigmatiser un soutien de l’Arabie saoudite. Le 13 juin 2018, le général Mohammad Ali Jafari, chef des gardiens de la révolution, avait d’ailleurs explicitement accusé le royaume saoudien d’instrumentaliser l’« Etat islamique »/Daech l’EI dans sa rivalité avec l’Iran chiite, affirmant que Riyad avait « demandé à des terroristes de mener des opérations » dans le pays. Une partie du commando de Téhéran aurait combattu dans les rangs de l’« Etat islamique »/Daech, en Irak et en Syrie, selon Mahmoud Alavi. Ils seraient revenus en Iran à l’été 2016, supervisés par un haut responsable de l’organisation surnommé Abou Aisha. La presse s’était fait l’écho, à l’époque, de la mort d’un responsable ainsi nommé dans la région de Javanroud (province de Kermanshah), dans une opération antiterroriste. Le commando se serait alors dispersé, échappant à la surveillance des forces de sécurité [102]. Entre 350 et 500 Kurdes iraniens auraient rejoint les rangs de l’« Etat islamique »/Daech [103]en Irak et en Syrie, selon les estimations d’Adel Bakawan, sociologue associé à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, à Paris [104]. A mesure que le « califat auto-proclamé » de l’« Etat islamique »/Daechse réduisait, certains de ces djihadistes avaient commencé à revenir en Iran. « Avec la destruction de Daechà Mossoul et à Rakka, frapper en Iran devient un objectif majeur pour les djihadistes. Il y aura d’autres attentats dans les grandes villes iraniennes, tout comme au Kurdistan d’Irak, où les attaques ne cessent d’augmenter », estimait Adel Bakawan [105].
Les services de sécurité iraniens annoncent de manière récurrente déjouer des « complots » djihadistes. La minorité sunnite (environ 15 % de la population), défavorisée et discriminée dans un pays où le chiisme est religion d’Etat, fait l’objet d’une surveillance renforcée. Le pouvoir iranien a, certes, tenté de favoriser l’émergence d’un sunnisme institutionnel et politique. Mais, les résultats sont limités. Selon Etienne Delatour, « le souvenir reste cuisant à Téhéran du refus de certains imams régionaux de garantir à Khomeyni, dans les années 1980, la loyauté du Kurdistan ». C’est en grande partie ce qui avait justifié pour Khomeyni une répression féroce de leur dissidence au nom d’une « unité nationale » menacée en 1980 par l’invasion de l’Iran par l’Irak de Saddam Hussein. Aujourd’hui, le problème est autre. Les réseaux existants, notamment le parti local des « Frères musulmans » - légalisé par Téhéran en 2002 -, subissent l’audience croissante du salafisme, voire du djihadisme, diffusé notamment sur Internet par des prédicateurs étrangers [106].
Or, le Kurdistan iranien est déstabilisé par sa frontière poreuse avec l’Irak. On peut rappeler que la République islamique avait elle-même entretenu des liens, dès les années 1980, avec des islamistes kurdes irakiens en lutte contre Saddam Hussein, voire au-delà de la chute du dictateur baathiste en 2003 durant l’occupation américain du pays [107]. Des djihadistes iraniens avaient ainsi rejoint, entre 2001 et 2003, la ville frontalière irakienne de Byara, repli du djihad international entre l’invasion américaine de l’Afghanistan et celle de l’Irak. « Des djihadistes iraniens pouvaient encore passer en Irak relativement facilement jusqu’à la prise de Mossoul par Daech, en 2014, qui a menacé soudain directement le Kurdistan irakien et la frontière iranienne », relève Adel Bakawan [108].
Depuis, les services iraniens ont renoué leur collaboration avec l’Asayesh (« services de sécurité » kurdes) de la province semi-autonome du Kurdistan irakien. Mahmoud Alavi avait affirmé, le 9 juin 2018, que le « cerveau et commanditaire » des attentats de Téhéran avait fui le pays et avait été tué à l’étranger, dans une opération menée « avec l’aide des services de renseignement de pays amis », sans préciser ni lesquels ni où. De fait, après les spectaculaires attentats du 7 juin 2017, Téhéran avait multiplié les arrestations et les opérations antiterroristes dans tout le pays en visant tout particulièrement les régions du Nord-Ouest et du Kurdistan frontalières de l’Irak, et la minorité kurde qui demeure une question depuis longtemps très sensible pour le pouvoir central [109].
La politique répressive du régime iranien vis-à-vis des Kurdes s’est accentuée à l’automne 2018. En effet, le 8 septembre 2018, sept missiles iraniens Fateh-110 s’abattaient sur le quartier général du Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI) à Koysandjak, près d’Erbil, causant la mort de 18 de ses membres et en blessant 50 autres. Les Gardiens de la révolution avaient revendiqué la paternité de la frappe, déclarant avoir « puni […] les terroristes menant constamment des attaques contre les frontières de la République islamique d’Iran » et promettant de « mettre fin prochainement aux activités des transgresseurs ».
Plusieurs mouvements sont hébergés au sein de la Région autonome du Kurdistan (RAK) d’Irak d’où ils sont accusés de préparer des opérations et de projeter des attaques sur la frontière ou dans les provinces frontalières (essentiellement celles d’Azerbaïdjan occidental, du Kurdistan et de Kermanshah). Ils font l’objet d’une comme surveillance quasi-obsessionnelle de la part de Téhéran qui les considèrent à tort ou à raison des proxys agissant au profit des Etats-Unis dans le bras de fer qui les oppose à l’Iran. Comme le souligne Emile Bouvier dans un article sur les Kurdes iraniens intitulé « Les Kurdes iraniens piégés entre Téhéran et Washingon » [110], « le PDKI est aujourd’hui le plus important de ces groupes, ou du moins celui qui retient le plus l’attention de Téhéran ». Dirigé depuis 2010 par le charismatique Moustafa Hijri, après une décennie d’inactivité militaire, il avait repris les hostilités contre l’Iran en avril 2016. Le PDKI disposerait de plusieurs milliers de peshmergas (combattants kurdes irakiens et iraniens) qui mènent essentiellement des actions de harcèlement contre les forces iraniennes, alternant escarmouches et embuscades. Et de préciser « Des groupes spéciaux, regroupés sous la bannière des ‘Aigles de Zagros’ lui permettent de conduire des opérations de commandos dans la profondeur du dispositif iranien. Cette structure mobile et efficace fait du PDKI la figure de proue des opérations militaires menées par les Kurdes iraniens contre le régime des Mollahs ». En décembre 2016, une double attaque à l’engin explosif imputée à Téhéran avait notamment ciblé le QG du PDKI à Koysandjak, au Kurdistan irakien, tuant plusieurs peshmergas et employés locaux. Comme le souligne encore Emile Bouvier : « Si l’idéologie de ces groupes diffère, passant du nationalisme à l’utopie révolutionnaire, tous semblent s’être accordés sur l’impossibilité d’obtenir un État kurde indépendant et détaché de l’Iran. Leur objectif est donc de parvenir à une situation similaire à celle du Kurdistan irakien : une région autonome au sein d’un État fédéral, la reconnaissance de leur identité et le respect de leurs droits socio-politiques. Cette volonté commune s’était illustrée par l’établissement, en 2018, d’un Centre de coopération des partis politiques du Kurdistan iranien à l’initiative du PDKI ». Conscient du rôle déstabilisateur que les Kurdes iraniens pourraient avoir en cas d’affrontement avec les Etats-Unis, l’Iran avait accepté d’ouvrir en Norvège, au mois de mai 2019, un cycle de négociations avec des représentants du Centre de coopération des partis politiques du Kurdistan iranien. Il s’agissait alors de la première réunion de ce type depuis 1979. Conduite par Seyed Mohammad Kazem Sajjadpour, conseiller du ministre iranien des Affaires étrangères, les Iraniens avaient tenté de convaincre les Kurdes de cesser les hostilités et de ne pas s’engager aux côtés des Américains en cas de conflit ouvert. En retour, les Kurdes avaient exigé que leurs droits fussent respectés et que la formation d’une région autonome similaire à celle de la RAK irakienne fût étudiée. Les Iraniens avaient évidemment refusé de donner suite à ce type de demande. Et depuis lors, des accrochages s’étaient multipliés et rendaient possible, à terme, une opération iranienne d’envergure.
C‘est précisément ce qu’il s’est produit le 14 novembre 2022 lorsque l’Iran a lancé une nouvelle série de frappes de missiles et de drones, contre des groupes d’opposition kurdes iraniens basés au Kurdistan d’Irak voisin, tuant au moins une personne et en blessant huit. Elle ne constituait pas une surprise dans le contexte de la contestation initiée par le décès de la jeune kurde Mahsa Jina Amini, une contestation particulièrement forte dans les provinces kurdes iraniennes. Le pouvoir iranien accuse ces groupes d’attiser les troubles en Iran. « Cinq missiles iraniens ont visé un bâtiment du Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI) », avait indiqué Tariq al-Haidari, maire de Koysanjaq, une ville située à l’Est d’Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. « Il y a un mort et huit blessés. Il s’agit de Kurdes iraniens », avait pour sa part détaillé le ministère de la Santé de la région autonome. Au même moment, « quatre frappes de drones » avaient également visé des bases du Parti communiste iranien et du groupe nationaliste kurde iranien Komala dans la région de Zrgoiz, avait annoncé Atta Seqzi, un chef de Komala. D’après lui, les militants auraient été « prévenus de l’imminence des frappes » et évacué les installations. La cible n’était pas forcéement fortuite dans la mesure où il s’agissait de faire un lien entre la contestation dans les provinces kurdes et le parti Komala dont serait membre un cousin de Mahsa Jina Amini, un certain Erfian Salih Mortazaee, installé depuis un an au Kurdistan d’Irak (Nord), où il a rallié le groupe nationaliste kurde iranien Komala et qui avait accordé une interview à l’AFP fin septembre 2022. Il a affirmé avoir appelé la mère de Mahsa Amini, qui lui a narré les faits ayant conduit à la mort de sa cousine : « La mort de Jhina a ouvert les portes de la colère populaire », a ainsi déclaré Erfan Salih Mortezaee, en treillis, utilisant le prénom kurde de sa cousine pour évoquer les manifestations en Iran. Et de considérer que « les femmes sont à l’avant-garde et participent courageusement aux manifestations », a dit M. Mortezaee. Avant de conclure : « Nos jeunes savent que si ce régime tombe, une vie meilleure les attend ».
Toujours est-il que la frappe iranienne avait suscité une protestation officielle du gouvernement de Bagdad. A la fin de la journée du 14 novembre 2022, le ministère irakien des Affaires étrangères dont le gouvernement est pourtant réputé proche de Téhéran avait « condamné avec la plus grande fermeté » ces frappes, qui « empiètent sur la souveraineté irakienne », assurant qu’il prendrait « des mesures diplomatiques de haut niveau », sans toutefois les détailler. En Iran, une source militaire iranienne a confirmé des attaques avec "des missiles et des drones" contre "des sièges des partis terroristes" en Irak. Les personnes visées étaient présentées comme des « terroristes ayant activement participé aux émeutes des deux derniers mois, notamment en provoquant des incendies contre des banques et des bâtiments administratifs dans plusieurs localités » du Kurdistan iranien, selon le général Mohammad-Taghi Osanlou, commandant d’une base des Gardiens de la révolution, à la télévision publique.
Une autre frappe allait intervenir une semaine plus tard. L’Iran avait de nouveau bombardé, dans la nuit de dimanche 20 au lundi 21 novembre 2022, des groupes d’opposition kurdes iraniens basés au Kurdistan d’Irak voisin, toujours accusés par Téhéran d’attiser les manifestations secouant la République islamique. Le gouvernement central de Bagdad a une nouvelle fois également condamné « fermement », les bombardements de l’Iran contre ses opposants basés au Kurdistan irakien, refusant que son territoire constitue un « terrain de luttes ou de règlements de compte ». En prenant soin d’assurer que son « territoire ne doit pas être une base utilisée pour porter préjudice aux pays voisins », selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Le Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI) et le groupe nationaliste kurde iranien Komala avaient tous deux confirmé des bombardements ayant visé leurs installations : « Les Gardiens de la révolution ont de nouveau bombardé des partis kurdes iraniens », ont indiqué les services antiterroristes du Kurdistan d’Irak, sans évoquer de bilan pour ces frappes survenues aux alentours de minuit. Le PDKI avait confirmé, le 21 novembre 2022, avoir été visé à Koya (Koysinjaq) et à Jejnikan, près d’Erbil, la capitale régionale du Kurdistan, par des « tirs de missiles et des drones kamikazes ». Il avait partagé sur son compte Twitter des vidéos montrant des boules de feu s’élevant dans la nuit noire. « Ces attaques aveugles se produisent à un moment où le régime terroriste iranien est incapable d’arrêter les manifestations en cours au Kurdistan » d’Iran, avait fustigé le PDKI, dans un communiqué publié en ligne.
Conclusion
Cette question « ethno-confessionnelle » demeure donc une variable non-négligeable de la problématique étatique iranienne et ce, quel que soit le régime en place. Cela vaut pour la République islamique comme pour le régime qu’elle a remplacé par-delà certaines différences revendiquées. Comme le souligne justement Pierre Emmery : « L’unité dans la diversité, promesse formulée dans l’effervescence de la révolution de 1979, n’est-elle finalement condamnée à n’être qu’une chimère ? Partagée entre une « iranité » définie comme « persianité/centralité » et des particularismes frustrés car doublement marginalisés, l’Iran est en tant qu’« Etat-mosaïque », dans un dilemme permanent. Quelle perspective offrir à la mosaïque de peuples qui compose son identité tout en assurant la prépondérance de l’Etat dans des régions périphériques et cependant de première importance stratégique pour le centre persan ? » [111]. Une hypercentralisation religieuse et ethnique du pouvoir est, de fait, à l’œuvre dès les débuts de la République islamique. La révolution de 1979, par ses effets déstabilisateurs, a forcé le pouvoir à réinventer un équilibre du pouvoir en son sein même, tout en étant héritière du système administratif pré-révolutionnaire. La répression de la révolte de la mi-novembre 2019 contre la hausse du prix de l’essence aurait particulièrement touché les minorités ethno-confessionnelles, aux premiers rangs desquelles les communautés notamment kurdes dans le Kordestan, le Kermanshah et la province d’Ilamet arabe dans le Khouzistan. Et en 2022, c’est encore dans les provinces ethno-confessionnelles que la répression menée dans le prolongement de la contestation provoquée par la mort tragique de la jeune kude Mahsa Jina Amini est la plus féroce. Une répression militarisée menée à l’arme lourde par les Gardiens de la révolution comme, du reste, dans le Sistan-Baloutchistan, les deux régions qui comptent le plus de tués depuis le début d’un mouvement de contestation qui s’est néanmoins développé à l’échelle nationale et dont les activistes se disent solidaires des revendications spécifiques de ces régions périphériques historiquement suspectes au pouvoir central.
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