un colibrí a la bandera (de Martinica)



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En Martinique, la quête d’un nouveau drapeau sème la discorde

Le département cherche à se doter d’un pavillon officiel censé le représenter lors de rencontres sportives ou culturelles. Emaillé de rebondissements et de polémiques, le processus tortueux de désignation d’un nouvel emblème est enfin sur le point d’aboutir.

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Publié le 18 janvier 2023 à 16h01, mis à jour hier à 00h28

Le nouveau drapeau de la Martinique, un pavillon aux couleurs panafricaines – rouge, vert et noir – orné de la silhouette noire d’un colibri. Le nouveau drapeau de la Martinique, un pavillon aux couleurs panafricaines – rouge, vert et noir – orné de la silhouette noire d’un colibri. WIKIPEDIA

Le psychodrame de la question du drapeau de la Martinique serait-il enfin parvenu à son dénouement ? Les élus de ce département antillais veulent y croire.

Lundi 16 janvier, lors d’une conférence de presse organisée au Musée d’histoire et d’ethnographie de Fort-de-France, deux conseillères territoriales présentaient le résultat de la consultation populaire en ligne au cours de laquelle, durant les deux semaines précédentes, les Martiniquais avaient été invités par la Collectivité territoriale de Martinique (CTM) à désigner un drapeau et un hymne. Une vingtaine d’emblèmes, présélectionnés par une commission ad hoc parmi plusieurs centaines de propositions, étaient en lice.

Contre toute attente, les internautes n’ont pas plébiscité l’étendard indépendantiste, connu de longue date. Lors du second tour du scrutin participatif, c’est un pavillon aux mêmes couleurs panafricaines – rouge, vert, et noir –, mais orné de la silhouette noire d’un colibri, qui s’est largement imposé, obtenant 73 % des votes des quelque 27 000 participants. Il a devancé le drapeau historique : un symbole créé par la mouvance anticolonialiste dans les années 1960 qui, au fil des décennies, est devenu omniprésent dans de nombreuses manifestations politiques ou culturelles, malgré son caractère officieux et sa signification toujours sulfureuse aux yeux d’un grand nombre de Martiniquais, qui y voient un signe de rejet de la République.

Le pavillon au colibri « a été choisi par les Martiniquais, donc c’est le drapeau des Martiniquais. Il sera partout dans l’espace public », réaffirme la conseillère territoriale Michelle Monrose, qui chapeaute le processus depuis ses débuts, en novembre 2022. Après son adoption définitive par un vote à l’Assemblée de Martinique, début février, cet emblème « sera présent lors des manifestations sportives, lors des représentations culturelles, lors des événements de coopération internationale », ajoute Mme Monrose.

Signification du colibri « incomprise »

Voilà plusieurs années, en effet, que les fédérations sportives locales réclamaient un pavillon proprement martiniquais, destiné à être hissé, en lieu et place du drapeau tricolore, lors des rencontres organisées dans la région caribéenne notamment.

Mais, au fil des rebondissements, la recherche des nouvelles couleurs s’est éternisée. Même Emmanuel Macron est intervenu dans cet interminable feuilleton : lors de sa dernière visite dans ce département antillais, en septembre 2018, le président de la République avait été interpellé au sujet de l’ancien drapeau, hérité de l’époque de la traite négrière. Par la suite, le chef de l’Etat avait demandé aux services de gendarmerie de ne plus utiliser l’insigne honni aux quatre serpents. Franck Robine, alors préfet de la Martinique (2017-2020), avait salué « une décision d’apaisement » du chef de l’Etat.

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