explosions a Transnistria: qui vol arrossegar Moldàvia a la guerra?

Plusieurs explosions ont eu lieu en Transnistrie lundi soir et mardi matin. Le régime séparatiste pro-russe de Tiraspol accuse l’Ukraine. Kiev parle de son côté d’actions de déstabilisation ourdies par les services russes. À Chișinău, on s’inquiète : la présidente Maia Sandu a convoqué le conseil de sécurité nationale. Décryptage.

Par Florentin Cassonnet

Les autorités de Tiraspol ont annoncé que le bâtiment des services de sécurité du régime séparatiste de Transnistrie avait été attaqué lundi, à 17h, au lance-roquettes. Mardi matin, ce sont deux tours de communication d’une station de radio-télévision à Maiak qui auraient été visées par des attaques. Située à quelques kilomètres de la frontière avec l’Ukraine, la station de Maiak est capable de transmettre des ondes radio sur de très longues distances. Selon Zona de Securitate, un site d’information sur la Transnistrie basé à Chișinău, la station, gardée par l’armée russe, avait la capacité d’interférer avec les systèmes de communication radio militaires.

Vadim Krasnoselsky, le président de la République autoproclamée de Transnistrie – qui n’est reconnue par aucun pays, pas même la Russie –, parle de trois « attentats terroristes » : au bâtiment du « ministère de la Sécurité d’État de la Transnistrie » à Tiraspol, à l’unité militaire près du village de Parcani et sur les tours de la station de radio-télévision près du village de Maiak. Et accuse l’Ukraine d’être à l’origine des attaques, que personne n’a revendiquées.

Sur les photos qui ont été publiées après l’explosion du ministère à Tiraspol, on peut voir un lance-roquette abandonné au sol. Il s’agirait d’un RPG 27 Tavolga, une arme utilisée par l’armée russe ainsi que celles de Jordanie, du Gabon et de Transnistrie.

Pour le gouvernement moldave, le but de ces attaques est de créer des « prétexte pour tendre la situation sécuritaire » dans la région séparatiste de Transnistrie, qui échappe à son contrôle. « Notre analyse est qu’il existe des tensions entre différentes factions à l’intérieur de la Transnistrie. Selon les informations dont nous disposons, ces actes d’escalade proviennent de forces à l’intérieur de la Transnistrie, qui ont intérêt à déstabiliser la situation dans la région », a déclaré la présidente Maia Sandu à l’issue de la réunion du Conseil de sécurité nationale. En rappelant que la Moldavie était un « État neutre » et en demandant que ce statut soit respecté. La Moldavie ne s’est ainsi pas joint aux sanctions occidentales contre la Russie décidées après l’invasion de l’Ukraine.

Trois jours avant l’incident, les soi-disant dirigeants transnistriens s’y préparaient déjà.

Dans un communiqué de presse, le ministère ukrainien de la Défense affirme qu’il s’agit d’une opération sous fausse bannière organisée par le FSB. Selon le renseignement ukrainien, l’objectif des services russes serait de provoquer la panique et des « sentiments anti-ukrainiens » en Transnistrie et d’inventer un prétexte en vue d’une intervention armée dans la région séparatiste.

Les services ukrainiens estiment en outre que les explosions du 25 avril n’étaient pas une surprise pour l’administration de Tiraspol. Selon leurs informations, Vadim Shmalenko, secrétaire de la commission des situations d’urgence de Transnistrie, aurait envoyé trois jours plus tôt un message à Vladimir Bychkov, le président du district de Camenca, à propos du besoin urgent de préparer « les données sur l’existence et la localisation d’un centre de contrôle protégé pour l’administration de la défense civile ». Et s’il n’existe pas, un tel centre devrait être créé immédiatement, ajoutait-il. « Trois jours avant l’incident, les soi-disant dirigeants transnistriens s’y préparaient déjà et étaient occupés à aménager un bunker sûr et confortable », commentent encore les services ukrainiens.

La Transnistrie, un outil aux mains du Kremlin

« Les nouvelles venant de [Transnistrie] sont inquiétantes », a estimé de son côté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui précise que Moscou « surveille de près ce qui s’y passe et comment la situation évolue ». Néanmoins, « la Russie veut éviter un scénario dans lequel elle devrait intervenir » dans la région séparatiste, a rapporté mardi l’agence RIA, en citant le ministère des Affaires étrangères. Officiellement, la Russie recherche toujours un « règlement pacifique » de la « question transnistrienne ». En réalité, le Kremlin a toujours utilisé la Transnistrie pour tenter de contrôler la Moldavie et n’a jamais vraiment cherché à régler le conflit, gelé depuis 1992.

L’ancien ministre moldave de la Défense, le général Vitalie Marinuta, juge que la Russie a intérêt à déstabiliser la situation dans la région. « On peut s’attendre à tout et je pense que nous verrons d’autres événements comme celui-ci. La Moldavie doit être prête à tout scénario, y compris le scénario exposé par l’armée russe vendredi dernier, selon lequel il y aura une attaque en direction de Nikolaev et Odessa pour relier les forces russes avec les forces transnistriennes. »

Ces mystérieuses attaques arrivent en effet quelques jours après que le général russe Rustam Minnekayev a déclaré à l’agence TASS : « Le contrôle du sud de l’Ukraine assurerait une autre route jusqu’à la Transnistrie où il y a aussi des preuves que la population russophone est opprimée ».

Pour l’instant, la plupart des observateurs jugent peu probable que Moscou intervienne directement en Transnistrie, qui se trouve loin du territoire russe. Néanmoins, l’expert Ion Leahu considère qu’une éventuelle invasion du territoire de Moldavie ne peut être exclue. En menant une telle action, « les Russes résoudraient plusieurs de leurs problèmes, dont la fermeture de la frontière avec un pays de l’Otan – la Roumanie – et, en même temps ils formeraient un autre front vers lequel une partie des forces militaires ukrainiennes seraient attirées, ce qui les aiderait à mener des attaques dans la région d’Odessa ».

Moscou dispose toujours d’un contingent d’environ 1500 soldats déployé en Transnistrie. Ce territoire moldave a d’ailleurs été déclaré le 16 mars « sous occupation par la Russie » par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe